Ce qui reste d'Auschwitz
La recherche ici entreprise dans le sillage de Homo sacer ne porte pas sur les circonstances historiques dans lesquelles s’est accomplie la destruction des juifs d’Europe, mais sur la structure et la signification du témoignage.
Il s’agit de prendre au sérieux le paradoxe de Primo Levi, selon lequel tout témoignage contient nécessairement une lacune, le témoin intégral étant celui qui ne peut témoigner. Il s’agit de ceux qui « ont touché le fond », des déportés dont la mort « avait commencé avant la mort corporelle » - bref, de tous ceux que, dans le jargon d’Auschwitz, l’on appelait les « musulmans ». On a essayé ici de regarder cet invisible, de tenir compte des « témoins intégraux » pour l’interprétation d’Auschwitz. On propose par là, une réfutation radicale du révisionnisme.
Dans cette perspective, en effet, Auschwitz ne se présente pas seulement comme le camp de la mort, mais aussi comme le lieu d’une expérience encore plus atroce, où les frontières entre l’humain et l’inhumain, la vie et la mort s’estompent ; et, mise à l’épreuve d’Auschwitz, toute la