D-H Lawrence : une étude non professionnelle
Lire Lawrence a été pour Anaïs Nin (1903-1977) une expérience intense et révélatrice, qui se double aussitôt du désir de rendre hommage à celui qui lui a tant apporté, par un essai qui s’inscrit dans une lignée de textes atypiques témoignant de l’admiration d’un écrivain pour un autre écrivain (citons entre autres le texte de Beckett sur Proust ou celui de Miller sur Rimbaud).
Grâce à la compréhension profonde qu’elle a de son œuvre, elle rédige en trois semaines un texte passionné et rigoureux à la fois qui, à la différence de ceux des critiques de l’époque, délaisse les références biographiques pour se consacrer à l’étude d’un grand écrivain. Paru deux ans après la mort de Lawrence, soit en 1932, cet essai, intitulé D.H. Lawrence : une étude non professionnelle, sera le tout premier texte publié d’Anaïs Nin, qu’elle mentionne comme une étape importante dans ses Journaux et sa correspondance.
Jalonné de citations précises issues de toute la palette des genres pratiqués par Lawrence (poésie, essais, romans, nouvelles), ce texte vise à mettre en valeur par-dessus tout la profonde cohérence d’une œuvre multiforme, souvent dénaturée faute d’une réelle vision d’ensemble.
Sensible à la valeur littéraire de l’écriture de Lawrence comme à la dimension iconoclaste de sa pensée, Anaïs Nin semble avoir trouvé chez lui un écho saisissant à ses propres préoccupations. Enfin, son style dense et précis, fondé sur l’intuition autant que sur une réelle capacité d’analyse, s’affirme dans ces pages - style qui caractérisera l’ensemble de ses écrits.