Photo-Finish

Valentine et Christian atterrissent à Casablanca où ils n'avaient pas remis les pieds depuis quarante ans, depuis leur jeunesse. Ils veulent retrouver la trace d'un homme qui a beaucoup compté dans leur vie. Cet homme est mort. S'est-il vraiment donné la mort comme on l'a pensé à l'époque ? C'est à cette question que vont tenter de répondre Valentine et Christian. En retrouvant des lieux, en questionnant des gens, en renouant avec d'anciennes connaissances de ce temps-là. Et en prenant des photos avec son Polaroid.
Ce pèlerinage les emmène dans les années cinquante ; l'indépendance du Maroc est proche. Une bande de copains - Valentine, Christian, Bernard et Georges - avait l'habitude de se réunir au Milk Bar de la rue Blaise Pascal. Ils y retrouvaient parfois un étrange jeune homme nommé André, étudiant doué, qui aurait pu " faire les Beaux-Arts ", mais qui semblait avoir délibérément tourné le dos à la réussite, préférant squatter un des lits du dortoir où Christian était pensionnaire, et rouler en scooter vers de mystérieuses destinations. Pour ajouter à l'opacité de son personnage, André a confié à Christian un pistolet qu'il lui demande de cacher soigneusement.
Peu à peu se dessine en creux le portrait d'André, à travers les souvenirs de ceux qui l'ont côtoyé. Mais plus les souvenirs se mêlent aux souvenirs, plus André apparaît insaisissable et porteur de lourds secrets.
Balade nostalgique dans le Maroc à la veille de l'indépendance, roman noir aux accents autobiographiques, superbe livre sur la mémoire, Photo finish est tout cela. Mais la réflexion qui le traverse parle profondément au lecteur d'aujourd'hui. Le vrai crime commis est celui de toute une société qui, en ces temps de colonisation moribonde, n'a pu éviter le naufrage de sa jeunesse. Ce roman écrit dans une prose simple et lumineuse évoque l'ambiance des films de la Nouvelle Vague et les références à Camus qui le ponctuent le placent sous le signe d'une fraternité littéraire.