44 jours : The Damned United
Le lendemain de Noël 1962, Brian Clough, incroyable avant-centre de l'équipe de Sunderland (2e division anglaise), se blesse. Il n'a pas vingt-huit ans. Ce sera la fin de sa carrière. Joueur paradoxal à l'ego surdimensionné, personnalité difficile et torturée, c'était un buteur surdoué, mais il n'eut pas l'occasion de briller en première division ni en équipe nationale.
Avide de revanche, il se reconvertit comme entraîneur et remporte le championnat d'Angleterre avec l'équipe de Derby en 1972. Deux ans plus tard, le prestigieux club de Leeds l'appelle aux commandes. Clough prend la direction de ce qui est alors l'un des plus grands clubs européens et jette d'emblée un pavé dans la mare : il affirme qu'il peut conquérir les titres les titres les plus prestigieux " mieux " que par le passé. Ses joueurs n'ont qu'à jeter sélections, médailles et trophées " dans la plus grande putain de poubelle " qu'ils pourront trouver, car rien de tout cela n'a été gagné selon les règles du fair-play et de l'honnêteté.
Clough va métamorphoser le dirty Leeds de son prédécesseur, avec du beau jeu, sans pots-de-vin, et aussi sans ménagement. Mais en quarante-quatre jours seulement, la grande aventure sportive qui s'annonçait comme le couronnement de la carrière de Brian Clough vire au cauchemar.
Après sa Tétralogie du Yorkshire, son remarquable thriller sur la grève des mineurs, GB 84, et le récent succès de Tokyo année zéro, David Peace est aujourd'hui un poids lourd du roman noir européen. Héritier d'Ellroy par ses chroniques d'un monde brutal et corrompu, il s'inscrit aussi dans la tradition du roman noir anglais, celle de Ted Lewis et surtout de Robin Cook, par la noirceur et l'ampleur de sa vision, ses personnages hantés par la présence du mal et sa capacité, dénuée de tout misérabilisme, à épouser le point de vue des victimes. A travers deux trames entrecroisées, 44 jours retrace l'ascension et la chute d'un personnage tourmenté, complexe, insaisissable. Ce roman a été considéré par la critique anglaise comme " le plus extraordinaire jamais écrit sur le football ".