Le roi des ordures
En balançant les épaules dans mon costume élimé, je pense à cette question idiote qu’on pose de temps en temps aux hommes célèbres : ‘Sous quelle forme aimeriez-vous revenir sur terre ?’, et à la réponse faite pas Truman Capote : ‘Sous la forme d’un vautour, parce que les vautours sont gentils et libres. Personne ne les aime.’
Harry Whence est un sacré type.
Ouais, Harry Whence est un sacré bonhomme. Peut-être même de la graine de héros. Il est détective privé.
Don Rafael Gutierrez Moreno est une sacrée ordure. Depuis vingt-cinq ans il étend son pouvoir despotique sur les immenses décharges de Mexico. Un jour, on le retrouve assassiné.
Qui l’a tué ? Sa fille, dont il a abusé alors qu’elle était âgée de treize ans ? Sa femme, ou les maîtresses qu’il paie ? Le milieu politique ? Ou le peuple gris des miséreux qui vit à l’est de la ville, là où tout se fâche ?
Après ses années Goncourt Jean Vautrin revient au noir, parce qu’il se trouve que le roman en question, « à l’envers de nos nombrils de Français bien nourris, continue à porter les germes d’une critique sociale comme il n’en existe à aucun étage de notre littérature en col blanc ». Voilà pourquoi il nous propose, selon son cœur, un privé de quat’sous, un pulp detective, un loser magnifique dans une histoire enragée où les exclus en sont réduits à chercher leur pain sur la décharge des riches.