De la vanité : Essais, Livre III, chapitre 9
" De la vanité ", notait Pierre Villey dans son édition des Essais, a une importance exceptionnelle : il " domine tout le troisième livre ", qui domine les Essais. Comme Montaigne domine - avec quelques autres - la littérature française, il n'y a pas grand risque à affirmer que nous sommes là devant un texte majeur. Un chef-d'oeuvre ? C'est peu dire, et en même temps c'est trop : ce texte, l'un des plus beaux que nous ayons, l'un des plus vrais, est aussi le moins prétentieux, le moins pontifiant, le moins fabriqué qui soit. Si c'est un chef-d'oeuvre, et bien sûr c'en est un, c'est un peu par hasard, ou plutôt par cette nécessité imprévisible qu'on appelle aujourd'hui le génie et qui n'est autre, s'agissant de Montaigne, que Montaigne lui-même, avec son goût extrême pour la vérité, ce mépris de l'artifice, et cette liberté sans égale d'allure et de ton.