La nouvelle historique en France à l'âge classique 1657-1703
L'utilisation de l'histoire dans les ouvrages de fiction n'est pas nouvelle : le roman, le poème épique et le théâtre y ont trouvé des sources d'inspiration. Dès la seconde moitié du XVIIe siècle, les conditions sont réunies pour que l'histoire joue un rôle majeur sur la scène de la fiction narrative en prose. Il s'agit d'un moment clé tant dans l'évolution de l'écriture de l'histoire que dans l'évolution du roman. On reproche aux historiens d'écrire comme des romanciers au préjudice de la vérité ou au contraire de ne pas faire goûter au lecteur le plaisir de la narration. Les auteurs de romans sont, quant à eux, accusés de ne porter aucune attention au vrai et au vraisemblable, dans des œuvres sans fin. C'est en se glissant dans les brèches ouvertes par les lacunes et les aspirations de l'un et l'autre genre, que la nouvelle historique s'impose durablement pendant près de quarante années. Censée concurrencer les historiens, par une écriture historique fidèle aux sources, et les romanciers par une mise en scène vraisemblable d'aventures galantes, elle trouve son caractère générique non seulement dans un entrelacs étroit entre histoire et galanterie mais également dans une quête de brièveté et d'unité. D'une grande diversité de formes, elle touche aux limites d'autres genres historiques et fictionnels: roman, journal, mémoires, annales, histoires. S'agit-il alors d'un genre codifié et codifiable ? Un certain flou générique n'est-il pas l'essence même de cette fiction historique en prose qui modifie largement l'écriture romanesque et les rapports entre fiction et vérité ?