Orphelin de la Bastille, tome 3 : La Grande peur
C’est le troisième volume de L’Orphelin de la Bastille. Cette fois-ci, c’est loin de Paris qu’Aimé vit la révolution : c’est La Grande Peur dans les campagnes françaises…
Paris, fin juillet 1789. Paris est à feu et à sang. Heureuse coïncidence, l’oncle d’Aimé de Frénolec, Armand, décide d’acquérir un château dans les environs de Paris. C’est l’occasion rêvée pour toute la maisonnée de partir se mettre au vert et d’échapper au marasme ambiant. Modestine, la gouvernante, est persuadée que l’achat de cette demeure cache quelque chose de louche : l’affaire est trop bonne pour être honnête ! Mais une fois au château, force est de constater que tout semble irréprochable : la bâtisse est en parfait état, les jardins merveilleusement entretenus… Armand tombe même sous le charme de la propriétaire qui n’est autre que la voisine ! Bref tout semble aller pour le mieux. Sauf qu’Aimé soupçonne la dame en question d’avoir assassiné ses anciens maris pour hériter de leur fortune. Et bien sûr, l’Oncle Armand, une fois marié, rejoindrait les malheureux… Pour couronner le tout, la campagne alentour gronde : les paysans sont furieux après la comtesse qui refuse obstinément de leur céder le droit de chasser sur ses terres. Et ce problème n’est visiblement que le haut de l’iceberg… La révolte se fait de plus en plus entendre, même loin de Paris !
Rares sont les romans jeunesse abordant la Révolution française en dehors de Paris. Jusqu’ici, on vivait avec Aimé les révoltes de la capitale. Dans ce tome 3, c’est la fameuse période de « la grande peur » qui est abordée : les nobles du pays tout entier tombent sous les fourches des paysans révoltés, les châteaux sont brûlés, les Églises pillées. C’est le début de l’exode de la noblesse française vers les pays amis de Louis XVI, et l’avènement du Tiers État. Ce roman souligne bien la rupture incroyable qu’il pouvait y avoir entre les gens du peuple, dont le but premier était de ne pas mourir de faim, et les nobles, affairés à leur toilette et à leurs divertissements. Défilé de toilettes, explosions de fêtes, expériences scientifiques en tout genre… tout est là pour nous dresser un portrait de la noblesse frivole et fermée à ce qui l’entoure. De l’autre côté, la grogne puis la révolte des citoyens est, elle aussi, merveilleusement brossée. Mais Frédéric Lenormand réussit le tour de force de peindre ce tableau sans tomber dans la caricature ni le misérabilisme : tout est affaire de style, et son style relève de l’humour.