Mongolie. Le vertige horizontal
"Passé les guichets de l'aéroport, c'est tout de suite la steppe. Un cavalier surgit à la hauteur de la voiture, au galop, debout sur ses étriers. Les pans de son vêtement flottent dans le vent. Il bifurque à angle droit et pique des fers vers l'horizon où il rapetisse à grande vitesse dans un nuage de poussière. Alors, c'est vraiment ainsi ? Le mythe incarné .... Puis, soudain, une publicité de quatre mètres sur trois pour les cartes de crédit montrant un businessman mongol hilare, et une autre pour les téléphones cellulaires, et tout de suite après les hautes cheminées de la centrale d'Oulan-Bator. Les barres déglinguées des immeubles surgissent de terre. À l'air libre, le serpent des conduites de chauffage enguirlande les rues, les terrains vagues, les squares pelés et ondule jusqu'aux logements. Un nuage de pollution flotte sur la ville. Des étudiants, portable à l'oreille, croisent des grands-pères indifférents, les jambes arquées dans leurs bottes de cavalerie russes fatiguées. En vingt-quatre kilomètres, vous venez de comprendre qu'il y a deux Mongolie, celle des steppes dont les vagues régulières se brisent aux portes même de la ville, et celle d'Oulan-Bator, capitale, métropole naissante de l'Asie centrale et citoyenne du village global."
Nomades vivant au rythme du cosmos, courses équestres époustouflantes dans des espaces vertigineux... Patrick Bard, écrivain et photographe, nous donne à voir et à entendre le quotidien et la mémoire de ce peuple centaure aux prises avec la modernité.
Préface de Homeric. Auteur de nombreux ouvrages dont Le Loup Mongol, Éditions Grasset, 1998, qui a reçu le prix Médicis.