Lever de rideau sur Terezin
Un dramaturge juif, déporté à Terezin, se voit contraint d'écrire une pièce de théâtre pour les dirigeants nazis du camp.
Depuis les premières lois anti-Juifs du régime de Vichy, le dramaturge à succès Victor Steiner se terre dans un petit appartement parisien. Mais un soir, la passion du théâtre est la plus forte : il sort de sa cachette pour assister à la première du Soulier de satin à la Comédie française, et au retour il est arrêté par la police.
Quelques jours plus tard, il embarque dans un train à bestiaux.
On lui a pourtant dit qu'il aurait droit à un traitement de faveur.
Et, de fait, en pleine nuit, on le fait changer de convoi. Dans ce nouveau wagon, plus un seul Français ; seulement des Juifs allemands. Le traitement de faveur, c'est que Steiner sera déporté dans le camp de Terezin, celui où sont parqués les Juifs « prominenten » - « importants » : artistes, intellectuels, hommes politiques, savants. À première vue, Terezin a tout d'une gentille ville tchécoslovaque : d'élégantes fortifications, des trottoirs bien propres, des parcs et même une église.
Mais ses murs cachent la même violence que les barbelés de n'importe quel autre camp. Et, chaque semaine, des listes désignent ceux qui partiront à Auschwitz pour être gazés.
À son arrivée, Victor Steiner a la surprise de rencontrer l'un de ses plus grands fans :
L'Hauptsturmfürher Waltz, qui est également un passionné de littérature et de culture française, notamment du siècle du Roi Soleil. Et bientôt, Waltz lui passe commande. Les nazis ont autorisé la Croix-Rouge internationale à venir inspecter l'un de leurs camps de prisonniers - le plus « soft » d'entre eux : Terezin, bien entendu. À cette occasion, Waltz veut qu'un grand spectacle soit donné, dans un théâtre de Prague. Ainsi, les inspecteurs verront que le Reich n'a rien à cacher. Et qui mieux que Victor Steiner pourrait créer une formidable pièce de théâtre ? Une oeuvre inédite, dont l'action se déroulerait au XVIIe siècle, à la cour de Louis XIV, avec - pourquoi pas ? - le grand Molière lui-même. Steiner, bien sûr, n'a aucune envie d'accepter. Or, Waltz n'est pas le seul à s'intéresser à cette pièce. Bientôt, c'est le réseau de Résistance qui sévit à l'intérieur de Terezin qui contacte le dramaturge : il faut qu'il écrive cette pièce, une pièce avec le plus d'acteurs possibles, une pièce se terminant par un monologue d'un quart d'heure minimum. car le projet des Résistants est qu'à la fin du spectacle, tous les comédiens s'évadent...