L'entre-deux de la mode
La mode joue volontiers sur les oppositions et sur l'harmonisation de ses oppositions. Alors que le dimorphisme sexuel, plus encore renforcé au XIXe siècle, est une des caractéristiques essentielles de la mode occidentale, voici une quarantaine d'années que les couturiers n'ont de cesse de le remettre en question. De même n'ont-ils pas manqué, depuis plus longtemps encore, dans une tradition qui remonte à Paul Poiret, de s'attaquer aux codes occidentaux du vêtement en empruntant aux civilisations étrangères. Ou, encore, ils aiment à mélanger les époques, et, plus récemment, les styles, les plus divers. 1l n'est pas non plus jusqu'au rapport que tout un chacun entretient avec le vêtement dans sa vie sociale ou sa vie sexuelle qui ne s'articule sur une dialectique de l'être ou du paraître ou sur celle du manque et du désir. D'une manière générale, donc, la mode se plaît a se placer entre-deux, dans l'Entre-Deux. Et c'est cette notion même qui est à l'origine des études menées dans cet ouvrage, fruit, par ailleurs, d'une féconde collaboration de chercheurs français et italiens et d'une transdisciplinarité nécessaire pour sortir des idées reçues et remettre en cause les certitudes trop faciles dans lesquelles on a trop souvent à se réfugier quand on interroge ce monde de l'éphémère qu'est celui de la mode.