Pourquoi les riches votent à gauche
À une époque, un Américain moyen savait si l'économie montait ou descendait - car quand le pays prospérait, son peuple prospérait également. De nos jours, ce n'est plus le cas. Du milieu de la Grande Dépression à 1980, les 90 % les plus pauvres de la population, un groupe qu'on pourrait appeler « le peuple américain », récupérait 70 % de la croissance du revenu du pays. Regardez les mêmes chiffres depuis 1997 - du début du boom de la Nouvelle Économie à aujourd'hui - et vous verrez que ce même groupe, le peuple américain, n'a absolument rien empoché de la hausse du revenu de l'Amérique.
Après Pourquoi les pauvres votent à droite, Thomas Frank analyse cette fois l'abandon des classes populaires et des syndicats par leur parti historique, les démocrates. On y voit le prix payé par les laissés-pour-compte du remplacement du modèle industriel par celui de l'« économie de la connaissance » : comment le choix qui a été fait par les démocrates de recentrer leur programme sur les classes sociales riches et cultivées a eu pour effet un divorce entre les classes moyennes progressistes et les classes populaires. Comment aussi l'instrumentalisation de l'antiracisme et une augmentation des inégalités sociales et de richesses a repoussé l'électorat ouvrier blanc des démocrates vers un parti républicain kidnappé par Donald Trump.