Le coeur est un noyau candide
16 juillet 1945 : la première bombe atomique est testée à Los Alamos, au Nouveau-Mexique. Au moment précis de l'explosion, Robert Oppenheimer, Leo Szilard, et Enrico Fermi, trois des principaux scientifiques responsables du projet, sont mystérieusement « transportés » en 2006, à Santa Fe.
Recueillis par Ann, une bibliothécaire, et son mari Ben, les trois savants déboussolés vont devoir s'adapter tant bien que mal à leur nouvelle vie, à ce monde que leurs recherches ont radicalement changé. Après avoir appris l'horreur engendrée par leur création (Hiroshima...) et les funestes conséquences de celle-ci, ils ne tarderont pas à entreprendre, des États-Unis au Japon, une croisade pacifiste visant au désarmement total. Entre l'armée et les scientifiques, qui voient leur « apparition » d'un mauvais oeil, les groupes religieux, qui assimilent leur présence à une prophétie biblique, et une société médiatique qu'il faut apprendre à manipuler, nos trois larrons vont avoir fort à faire.
À partir de cette hypothèse irréelle, Lydia Millet nous livre avec ce roman désopilant et d'une imagination réjouissante une remarquable analyse des liens qu'entretiennent science, politique et religion dans l'Amérique d'aujourd'hui, et l'effort permanent de ces trois domaines pour diriger nos vies. En reine des dialogues et des situations absurdes, l'auteur, à l'instar d'un Richard Powers, sait combiner vertige de la science et subtilité de l'intrigue comme peu d'autres écrivains. On pense à Murakami et à Don DeLillo, autant qu'à Twain et Vonnegut.