Charmes de Londres
En 1951, le poète (Prévert) et le photographe (Izis) avaient chanté Paris en duo, sous le titre Grand bal de printemps. Ils récidivent en 1952, en cosignant cet hymne à la capitale britannique : Charmes de Londres. « Londres est une île de l'Angleterre / entourée d'eau d'herbe et de sang ». Cette « ville archipel », Prévert et Izis l'ont arpentée ensemble pendant des semaines, de la Tour à Picadilly, de Trafalgar Square à Hyde Park, de White Chapel à l'East End. Ensemble, ils se sont nourris d'images, d'odeurs, de sons, de musiques, d'espaces, de visages. Ensemble, ils ont accumulé un trésor qu'ils n'ont pas gardé pour eux, qu'ils ont généreusement déposé sur le papier : « la substance lyrique de cette ville », dira Pierre Mac Orlan en découvrant l'ouvrage. Charmes de Londres : hymne aquatique sous l'égide de Haendel (sa Water music ouvre le livre). Hymne à la Tamise, au port, et aux quartiers pauvres. Hymne de pluies, de brumes et de lumières « tamisées » pour noyer les chagrins, la misère et les fantômes (celui de Jack l'Eventreur et celui d'Henri VIII). Hymne à tout ce qui vit là où s'obstinent à y survivre tant bien que mal les arbres et les animaux, les enfants et les vieillards, les musiciens des rues et les oiseaux, les fontaines et les rêves des artistes (ceux de William Blake, de Thomas de Quincey et de Lewis Carroll). Hymne poétique et photographique. Évidence des mots de Prévert et des images d'Izis : au début des années 1950, Londres est déjà la banlieue du monde. Le plus illustre des Londoniens, Charlie Chaplin, a été bouleversé par ce livre consacré à sa ville natale : « La combinaison photographie-poème crée une émotion au-delà de toute parole », a-t-il confié. Charmes de Londres n'avait jamais été réédité depuis 1952. Il était introuvable depuis plus d'un demi-siècle.