La peau, métaphore d'une rencontre entre art et clinique
Grâce à la médiation artistique proposée dans les lieux de soin psychique, les patients peuvent réinventer et reconstituer une forme de seconde peau protectrice pour affronter une réalité devenue trop anxiogène. À l'aide de vignettes cliniques, l'auteure illustre ce processus et en décrit les enjeux. En utilisant des analogies entre la peau du corps et l'épiderme pictural qui subit une série de transformations plastiques et imaginaires, l'auteure s'aventure avec les patients sur des chemins créatifs qui mettent en évidence et en dynamique le lien entre des productions concrètes et des processus psychiques liés à un défaut d'enveloppe, tels qu'ils se manifestent lors des séances d'atelier. Dans une traversée tant littéraire que clinique, tant artistique que psychanalytique, l'auteur ouvre de nouvelles voies de compréhension des mouvements propres à toute aventure créative en milieu de soin, dont notamment la possibilité pour les patients de reformer psychiquement une enveloppe contenante et protectrice capable de soutenir leur élan vital. Dans le service des psychothérapies médiatisées, au sein de la clinique psychiatrique pour adultes dans laquelle elle exerce, l'auteure observe une dynamique de création artistique qui engage une dynamique psychique, alors même que le patient produit une image. À travers de nombreuses vignettes cliniques, elle montre qu'il est possible pour le patient de reconstituer une enveloppe protectrice qui lui fait défaut, afin de lui permettre en premier lieu d'expérimenter sans danger. Alors qu'il est difficile de dissocier réalité psychique et physique concernant la peau, Martine Colignon s'intéresse au corps et à son contour, à sa membrane, pour tenter d'en donner des équivalents et des analogies au sein même du travail d'élaboration artistique. Ce travail plastique de la surface du support accompagne psychiquement la formation d'une membrane contenante pour affronter peut-être tout simplement la vie. Tout ce travail, car s'en est un, s'effectue dans une relation circulaire, continue, entre psychiatre, psychothérapeute/art-thérapeute et patient.