Antimanuel de politique
Le " troisième homme " de la primaire socialiste compte bien peser dans le sprint final à l'élection présidentielle. Il n'a pas fini de faire parler de lui... Mais à quoi peut bien encore servir la politique ? Jamais la démocratie n'a été aussi solidement installée et, en même temps, jamais elle n'a été autant menacée par le vide, l'impuissance ou l'abus de pouvoir. Le politique a-t-il encore la main ? Le rouleau-compresseur des marchés a-t-il eu raison de sa superbe ? L'archaïsme des institutions n'a-t-il pas réduit la démocratie française à un théâtre d'ombres ? Les multiples filtres qui s'intercalent entre la sphère politique et le peuple ont-ils vidé le fait politique de son sens, laissant derrière lui des résignés et une société en forme de cocotte-minute ? Et pourtant, si notre démocratie ne cesse de se dévorer elle-même, elle se régénère toujours. En effet, le politique est là, comme une braise sous les cendres, prêt à renaître, prêt à écrire encore quelques belles pages de l'histoire de France. C'est comme une étincelle à côté d'un baril de poudre, car il suffit de peu. Quand le voisin de classe de votre enfant est arrêté sans ménagement à la sortie de l'école, avec ses parents parce qu'ils sont sans-papier, voilà que vous vous mobilisez dans des comités de soutien, que vous faites le tour des élus, que vous interpellez le préfet et que vous organisez des manifs ! Vous, parent d'élève tranquille qui n'avez jamais eu le moindre intérêt pour la cause des sans-papier ! Là est le paradoxe du politique, à la fois décevant, incontournable et enthousiasmant quand la cause s'y prête. Alors, dans ce contexte, comment faire pour changer la vie ? Comment débusquer le prêt-à penser politique ? A qui s'adresse aujourd'hui la politique ? Comment réenchanter ceux qui ne le sont plus ? Où mener le combat politique qui est aussi un combat culturel ? Quelles vieilles certitudes faut-il déboulonner ? Qu'est-ce que l'on a encore à se dire dans notre société et comment la faire tenir ensemble ? Toutes ces questions sont au coeur de cet antimanuel politique qui entend prendre à contrepied les stratèges cyniques, les barons inamovibles, les communicants qui pensent le politique comme une publicité, les ambitieux qui veulent la place à tous prix, les résignés qui méprisent tout... Et pourtant, la stratégie, la communication ou l'ambition sont nécessaires à tout projet politique. Arnaud Montebourg ne décerne ni les bons ni les mauvais points comme le maître d'école, mais prend une distance critique sur la politique, sublime et misérable, et sur le politique, omniprésent et invisible.