PSAUMES DU TEMPS PRESENT
En 2007, Alina Reyes est allée passer la semaine sainte à Saint-Jacques-de-Compostelle, une façon de se purifier avant ce qu'elle considère comme une mort, qui survint le 15 mai suivant, à Paris.
L'écriture des prières-poésies livrées ici est liée à son retour à la vie. Des premiers poèmes écrits dans un carmel le 29 mai 2007, lendemain du lundi de Pentecôte, aux derniers rédigés dans sa bergerie en altitude en 2008, ces 70 psaumes pour notre temps sont autant de flèches de feu décochées vers le Ciel, poèmes mystiques brûlés au soleil de Dieu, vibrant d'une énergie nouvelle.
Écrits depuis Samos, Éphèse ou Patmos, chez Jean le disciple bien-aimé ; depuis Assouan, entre le désert de sable, le ciel parcouru d'oiseaux blancs et les voiles des felouques sur le Nil ; dans des monastères ou sur un bateau croisant au large du Pirée ; depuis Lourdes chez Bernadette ; de-puis le Mont-Saint-Michel et la forêt de Brocéliande, ces véritables psaumes modernes d'une grande beauté témoignent du passage de la Grâce chez un être assoiffé de vérité et de sens. Beaucoup ont été écrits à l'aube, « je me réveillais, je sortais et ils venaient ». D'autres la nuit, sans lumière, à la seule lueur des étoiles. Quelques-uns sont venus du vent, dans la baie des Trépassés, en Finisterre breton.
Ni les lieux ni les dates n'ont été réellement voulus par l'auteur, comme ces prières ils se sont imposés. « Je n'ai rien fait pour écrire, j'ai seulement pris le cahier et le stylo, tout se présentait à moi naturellement au fur et à mesure, je n'avais plus qu'à noter », dit-elle. « Ces poèmes d'amour sont une arme de guerre, je ne peux pas me contenter de faire de la poésie ou de la littérature. Quand l'auteur, par chapelets de phrases, extirpe la bête de sa tour d'ivoire, il peut mettre le ver dans le verbe ; ou bien tenter de libérer l'âme en faisant de son verbe une épée. Je veux, ici et maintenant, livrer une langue du feu de Dieu. »