Dieu ne sait pas compter
De Dieu, on peut dire ce qu'il n'est pas. Après Dieu n'est pas bizarre (1996) et Dieu n'est pas solitaire (2000), Dieu ne sait pas compter complète la trilogie. Aujourd'hui, tout se chiffre, tout se calcule. Dieu lui-même est souvent imaginé comme un superflic comptabilisant nos infractions, un juge devant lequel nous serons un jour ou l'autre sommés de comparaître, un banquier faussement généreux nous reprochant sans cesse d'être "à découvert". Et si Dieu, le vrai, le Dieu de Jésus-Christ, ne savait pas compter ? Ni additionner, ni soustraire, encore moins diviser. Tout juste, peut-être multiplier, mais toujours par l'infini, ce qui n'est jamais chiffrable, comme pardonner "jusqu'à soixante-dix-sept fois". Dieu n'est pas un Dieu qui compte et demande sans cesse des comptes, mais un Dieu qui compte sur nous. Non pas comme sur un vaste troupeau chaque jour recompté, mais sur chacun, à ses yeux unique et infini à la fois. Comme Jésus, le Fils unique, qui est tout pour lui. On demandait un jour à Mère Teresa : "Finalement, tout au long de votre vie, combien en avez-vous sauvés, d'hommes, de femmes, d'enfants ? - Un par un", répondit-elle.