Notre église est au bout de la rue
« Un éditeur m'a demandé de dire ce que je fais et de partager ce que je crois. J'ai accepté. Mon église figure dans tous les guides touristiques. Chaque année, 25 millions de femmes et d'hommes passent devant cet édifice au coeur de l'histoire de France et du Paris bobo, à deux pas de Bastille et de l'Hôtel de Ville. Entre un Christ d'Eugène Delacroix et une Vierge de Germain Pilon, il m'arrive de célébrer les funérailles d'un metteur en scène, d'un ouvrier ou d'un grand patron. Des hommes de médias et des politiques m'invitent à diner, intrigués par le curé que je suis... On peut me qualifier de prêtre mondain, je l'assume : j'habite un quartier mondain et ces gens habitent sur ma paroisse. Mais il y a aussi tous les gens dont on ne parle pas et dont on s'occupe beaucoup plus. Mon église est aussi celle du bout de la rue. J'y marie de jeunes couples qui demain quitteront le Marais, j'y confesse des retraitées, j'y écoute les joies et les douleurs du monde. Pour prendre soin de la communauté, des personnes et des biens, je suis aidé de prêtres, de diacres et de salariés dont j'ai la charge morale et financière, en patron de PME. Entre nos murs, je reçois des gens à qui je ne sais pas toujours quoi répondre, j'accueille des rescapés des bombardements syriens, des homos blessés, des travailleurs fatigués, des couples désorientés. Je prie au petit matin, je célèbre, je répare les fuites d'eau, je cours après les fonds pour entretenir mon église... Je suis un curé ordinaire dont la source de la joie est d'être là où Dieu m'a mis. »