L'une et l'autre
« Je suis femme, algérienne, arabe, de tradition musulmane... et écrivain. » C'est par cette formule lapidaire que Maïssa Bey commence ce portrait d'elle-même, où dans une étonnante introspection, elle se lance à la recherche de son identité - la sienne bien sûr, mais aussi celle de la femme que nous sommes, tout ou partie. Comment l'Algérie française (termes par essence contradictoires) a-t-elle pu, après son indépendance, devenir « algérienne » ? Que signifie cette algérianité ? À quelle arabité renvoie-t-elle ? À quelle religiosité fait-elle référence ? La diversité linguistique et culturelle de l'Algérie ne se heurte-t-elle pas à la construction d'un État nation ? Comment l'héritage français est-il, dans cette postcolonie, intégré ? Que ce soit à travers son écriture, l'association de femmes ou encore la bibliothèque mises en place sous sa houlette à Sidi Bel Abbes, Maïssa Bey, cette Algérienne rayonnante, traque sans merci la situation de la femme dans ce pays qui tarde à prendre son envol, ressassant sans cesse les « méfaits de la colonisation ». Maïssa, elle, a choisi : en devenant écrivain, elle s'est libérée de ses jougs - tant historiques que personnels - pour se construire, elle, et transmettre cette étonnante liberté à ses paires, à ses filles, ... à ses fils, à une Algérie qui n'en finit pas, avec tant de violence souvent, de détricoter son histoire.