Napoléon, l'Amazonie et moi
Un écrivain passe de la plage de Copacabana (Brésil) à celle de Fréjus (France). Non pour de paisibles vacances mais pour écrire un livre ; un essai historique sur un épisode oublié de l'Histoire : la conquête de la Guyane française, sous Napoléon, par les Portugais, qui feront pendant neuf ans la loi à Cayenne - avant que les choses rentrent dans le bon ordre colonial.
D'une plage à l'autre, deux ans auront passé. L'écrivain nous raconte ce que furent ces deux années d'enquête. Son essai s'attache à étudier un événement minuscule, qui n'a que très modérément troublé la marche du monde. Mais l'écrivain aime bien cette insignifiance-là. Il a souvent écrit sur des sujets dont nul n'avait souci : il est l'homme des recoins poussiéreux, des fonds de grenier, des tombes à l'abandon, des obscurs musées de province. Maintenant il se demande pourquoi il est comme ça, cherche à comprendre - peut-être à se comprendre -, analyse le plaisir qu'il prend à goûter l'odeur des archives, à fréquenter le petit monde diligent qui les consulte, à parler aux gens : un colonel - non deux -, une religieuse, un chauffeur de taxi, un séraphin, des historiens aussi. Il évoque ses voyages, les lieux et les cuisines qu'il aime. A son baromètre intime le temps change souvent, il y a du grand beau, du variable, quelques dépressions. De cela aussi, il parle, comme il parle de son métier, sans illusion mais non sans ferveur, comme il parle de sa femme : il se lâche, quoi !
Mais sans faire de vagues inutiles. Soublin reste Soublin. Et c'est tant mieux. Son drôle de livre y gagne une légèreté à la Cingria qu'apprécieront les connaisseurs.