Moments donnés : 1965-1995
Vers le milieu des années 60, déjà Wanderer dans l'âme. Gil Jouanard entreprend de noter, de façon discontinue; pour les fixer comme sur une plaque sensible. les instants qui s'offraient à lui en chemin. Un peu de tout: une sensation, un souvenir. une scène entrevue dans la rue, un paysage, une impression de lecture, nue réflexion, une saute d'humeur... Le temps passant, il se trouva propriétaire d'une ribambelle de lopins de mots épars; sans lien autre que le fait qu'il en avait été le collecteur attentif ou désinvolte. Que faire de ces coups de sang, de ces rêveries ? Les Lettrines de Julien Gracq, les Bois secs, bois verts de Cingria, les Papiers collés de Perros levèrent ses scrupules en lui prouvant qu'on peut faire livre de tout mot. Il nous offre de parcourir ici, curiosité en bandoulière, six lustres d'une vie dont l'écriture aura été le mode de respiration naturel. "Si j'écris, ce n'est pas pour m'inventer lui monde plus vrai on plus accompli que le vrai, mais plutôt pour apaiser, d'une encre douce. les blessures et les déceptions qui s'accumulent en moi sans jamais cicatriser. J'écris pour faire peau neuve, comme le serpent, comme le criquet."