E.T.A. Hoffmann : L'ombre de soi-même
Freud voyait en lui « le maître inégalé de l'inquiétante étrangeté en littérature » ; Le fait est qu'après plus de deux siècles le fantastique d'Hoffmann apparaît aux yeux du lecteur moderne comme une sorte de « fantastique absolu ». Non tant en ce qu'il nous entraîne sur les voies d'un monde parallèle où le corps et l'esprit perdraient pied ; mais plutôt dans l'exacte mesure où son univers de prédilection est celui de l'intimité. Les démons infernaux logent d'abord en nous. On découvrira ici, dans le sillage des Contes (qui ont fait l'objet d'une intégrale aux éditions Phébus), que l'existence d'Hoffmann, à l'opposé de ce qui pourrait se lire comme une sorte d'accompagnement de son oeuvre, nourrit au contraire celle-ci de façon centrale - Hoffmann s'ingéniant à inventer des personnages qui ne sont autres que des doubles, vie et oeuvre étant à ses yeux (et aux nôtres) exactement superposables : un peu à la manière de ce que sont l'image et le négatif en photographie... ou la figure et son ombre, lorsque vient la nuit.