Louis XIV et le grand siècle
« À qui peut se vaincre soi-même, il est peu de chose qui puisse résister. »
Louis XIV
Le plus célèbre des rois de France est aussi le plus méconnu.
Pour clore sa trilogie royale, Gonzague Saint Bris s’attaque aux lieux communs qui abondent sur le Roi-Soleil : autocrate suffisant, monarque inaccessible, toisant ses courtisans du haut de sa prétendue petite taille… Apparaît au contraire un homme d’une fascinante prestance, tout à l’écoute de ceux qui le côtoient.
Ballotté au fil d’une enfance menacée, souvent livré à lui-même, il apprend très vite à se construire en faisant son miel des talents de ses contemporains.
Le Grand Siècle s’épanouira ainsi sous son impulsion, dans un climat d’échange et d’émulation sans égal dans l’histoire de France.
Le règne de Louis XIV fait étonnamment écho à notre actualité : refonte de la fiscalité, redressement productif par les manufactures, expansion du luxe et suppression des zones de non-droit des cours des miracles de Paris… Pionnier de l’esprit d’équipe avec ses ministres et ses artistes, c’est un souverain travailleur acharné qui se révèle, totalement impliqué dans l’exercice assumé de son plein pouvoir.
Cette biographie foisonne d’anecdotes inédites et d’éclairages surprenants : de sa quasi-noyade enfant dans un bassin à celle qui faillit emporter Madame de Maintenon encore au berceau, de sa passion pour la guitare à l’âge de 12 ans à sa calvitie précoce à 20 ans, jusqu’à la confirmation de sa taille véritable, on pénètre dans l’intimité du roi et de ses proches.
On découvre comment Louis XIV introduit la diversité à Versailles en devenant le parrain d’Aniaba, un jeune Africain, comment il pratique l’espionnage industriel des verriers de Venise pour bâtir sa galerie des Glaces ou encore comment l’air inspiré à Lully par la réussite de l’opération de la fistule royale a pu devenir l’hymne national anglais !
Molière, Vauban, Le Nôtre, Le Vau, Colbert, Vatel, Racine couchant dans la chambre du roi pour lui lire ses pièces, Charles Perrault précurseur des futurs ministres de la Culture, jouent les premiers rôles dans cette distribution époustouflante au cœur du xviie siècle.
Enfin, l’évocation d’une fin de règne asphyxiée par sa propre longévité est saisissante.
Le vrai visage du Roi-Soleil méritait d’être scruté avec curiosité, lucidité et enthousiasme. La prodigieuse épopée du Grand Siècle revisitée en période de crise peut ressusciter cette « certaine idée de la France » qu’elle porta à des sommets.