Lectures de Ronsard : Discours des miseres de ce temps
En 1562 éclate la première guerre de Religion qui ouvre une période de quarante ans de convulsions. Ronsard doit alors redéfinir la nature et le rôle de la poésie. Pour lui donner une valeur politique, il s'était auparavant attaché à la célébration d'un royaume glorieux : il lui faut adapter son discours aux " miseres de ce temps ", " ce temps que le cruel orage Menace les François d'un si piteux naufrage ".
Il veut d'abord croire en la politique pour éviter le conflit, et s'adresse à Charles IX, l'enfant roi, pour l'éduquer ou à sa mère, Catherine de Médicis, régente du royaume; puis, quand la guerre est là, il entre lui-même en lice : lâchant la bride à la polémique qu'il retenait jusqu'alors, il dénonce les protestants comme responsables des malheurs du temps. S'ensuivra une guerre de libelles où s'entrelacent les enjeux politiques, religieux et poétiques.
Pour analyser la dimension polémique de l'entreprise, ce volume réunit des spécialistes de la littérature du xvie siècle. II interroge d'abord la manière dont Ronsard rend compte des événements, désignant l'adversaire et le représentant pour que sa perversité apparaisse évidente. Le poète fait également valoir son système de valeur contre celui des protestants, dont il doit aussi rendre compte. II cherche enfin à défendre son statut ébranlé par la polémique, et c'est une figure idéale du poète qu'il esquisse sur le dos de ses adversaires.