Femmes se cachent pour vieillir
La quête d’une jeunesse éternelle n’est pas nouvelle, les Grecs et les Romains déjà lui vouaient un culte. Mais aujourd’hui, l’injonction du « vieillir jeune » draine chaque année des milliers de nouveaux adeptes. L’allongement de l’espérance de vie (+ 25 ans en un siècle) et les progrès de la médecine ont modifié notre approche du vieillissement. Comme le précise la philosophe Isabelle Queval : "Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, nous vivons plus vieux dans un corps confortable. La fatalité s’estompe, chacun se sent responsable de son vieillissement ». Alors aujourd’hui « responsables » de vieillir, et demain... coupables ?
L’idée de ce livre part du constat particulièrement vrai pour les femmes, qu’il faut rester jeune et dans le coup pour ne pas être mis en marge de la société. Les salles d’attente des chirurgiens plasticiens débordent, la médecine anti-âge (injections de Botox, peeling, coaching alimentaire...) est plébiscitée, les ventes de produits qui effacent les rides et permettent de « rester » jeunes, explosent depuis quelques années et les agences de recrutements (enquête CSA pour le JDD) notent que 68% des femmes candidates à l’embauche mentent sur leur âge réel...
Si le phénomène n’est pas nouveau, il a pris une telle ampleur depuis une dizaine d’années, qu’il est devenu un phénomène de société qui touche toutes les catégories sociales. Paraître jeune ou ne plus paraître du tout... l’enjeu tient dans cette phrase. On se souvient que Garbo ou Dietrich ont préféré déserter les plateaux de cinéma plutôt que de montrer leurs rides et que Deneuve et Adjani ont eu recours à la chirurgie esthétique... Une peur de la marginalisation due à l’âge qui ne se limite pas à la seule apparence physique. A l’approche de la cinquantaine qui n’a pas craint d’être mis à l’écart dans sa vie professionnelle, pour cause de « jeunisme » ? A la fois enquête et pamphlet sur une époque, ce livre riche de nombreux témoignages est la photographie d’une société où l’apparence semble avoir dompté l’essence.