N'avez-vous pas froid
Au début des années 60, une femme quitte son mari, ou plutôt elle s’en éloigne. Celui-ci lui écrit des lettres qui oscillent entre supplication de retour et manifestation de dégoût pour leur vie conjugale. Le roman épistolaire d’Hélène Bessette est intriguant en ce qu’il ne présente que les lettres du mari, G., laissant les réponses de sa femme, Dora, dans l’ombre : forcément victime, forcément coupable, puisqu’elle ne nous est décrite qu’à travers un regard peu objectif.
Bessette dépeint avec son acuité et sa cruauté habituelles la tragédie de la rupture et la complexité des sentiments qui s’y déploient : tendresse inaliénable, lassitude croissante, renoncements aux rêves de la jeunesse, poids des conventions sociales, ressentiment... Sans cesse, G. énonce une chose et son contraire, tantôt suppliant sa femme de revenir pour sauvegarder les apparences, tantôt souhaitant refaire sa vie avec cette Érida si charmante, si différente de Dora, qui semble prendre peu à peu sa place auprès de lui...