Futur fleuve
Une catastrophe d’ampleur mondiale a lieu – on devine qu’elle est nucléaire –, dévastant tout. L’humanité oublie ses prétentions pour être condamnée à la survie. Un groupe de personne décide de quitter leur ville détruite à la recherche d’un endroit plus vivable. Le livre est l’histoire de leur trajet et la description d’un monde apocalyptique. Il décrit les aventures de personnages attachants projetés dans une situation extraordinaire avec un sens aigu du suspens, sachant aussi s’adonner à de passionnantes descriptions de paysages fascinants de désolation.
En parallèle est, entre autres, évoquée la question de la domestication animale – les animaux ayant survécu réinvestissant le champ laissé vaquant par les hommes affaiblis. Pas de misérabilisme, pas de constat désespéré : la fin est ouverte, permettant d’imaginer comment réinventer la vie dans un monde menacé.
On songe à La Route de Cormac McCarthy, l’univers de J.G. Ballard, au Dernier monde de Céline Minard ; et côté cinéma, une démarche comparable à celle de Quentin Tarantino ou Robert Rodríguez : investir le champ de la série B. Emmanuel Rabu ne perd par ailleurs rien de l’exigence de son écriture : le livre est, non pas un compromis mais une rencontre aboutie et sincère entre littérature populaire et littérature exigeante.