Contre-jour
Face au jour est un roman foisonnant, multiple, plein de rebondissements, qui couvre la période située entre 1893, à Chicago, et le début des années 1920, à Paris. L’auteur y évoque les luttes anarchistes dans l’Ouest américain, décrit le New York du tournant du siècle, et nous entraîne aussi en Europe, en Asie, dans le Mexique de la révolution, ainsi que dans « un ou deux endroits qui ne sont pas à proprement parler sur la carte du monde ». Une multitude de personnages de fiction (aéronautes, espions, scientifiques fous, prestidigitateurs, amateurs de drogue, etc.) côtoient quelques personnages historiques (Franz Ferdinand, Groucho Marx, etc.). Mais au cœur du livre se trouve la famille Traverse, qui en est le fil rouge. Webb, le père, un mineur syndicaliste volontiers dynamiteur et bientôt exécuté par les sbires du magnat Scarsdale Vibe. Ses quatre enfants, Frank, Reef, Kit et Lake sont tous hantés par la mort de leur père. Les deux premiers, Frank et Reef, n’auront de cesse de le venger. Kit, lui, se trouve dans une position ambigüe dès lors que ses études à Harvard sont financées par Vibe. Quant à Lake, elle épouse un des meurtriers de Webb… Le lecteur suit avec passion leurs parcours respectifs tout en s’immergeant dans les théories scientifiques de l’époque, notamment celles sur la lumière et la gémellité. L’histoire est encadrée, ou survolée plutôt, par un groupe de jeunes aéronautes, la Confrérie des Casse-Cou, qui, de leur montgolfière, jettent un regard surplombant sur le développement planétaire de cette fiction à bien des égards décoiffante.