Le Remplaçant
C’est un livre qui en remplace un autre sur un homme qui en remplace un autre. Agnès Desarthe comptait écrire sur Janusz Korczak, l’héroïque médecin de Pologne qui prit soin tant qu’il le put des enfants du ghetto de Varsovie. Mais c’est un autre personnage, issu, lui, de l’histoire intime de la romancière qui s’imposa sur la page : Boris, dit Bouz, dit aussi Baruch, disons pour faire simple B BB, son grand-père. Ou plutôt celui qui épousa sa grand-mère après que son premier mari et père de ses enfants fut mort en déportation. Un remplaçant qui « avait le bon goût de n’être pas à la hauteur du disparu », un homme modeste, presqu’un peu médiocre, qui ne fit jamais grand bruit et qu’on n’écoutait qu’à peine quand il s’exprimait. Un homme qui pourtant, s’offrit en père et grand-père de substitution, avec l’évidente étoffe de la douceur. Sublime évocation d’un illustre inconnu à la bonté discrète mais vaste, Le remplaçant parle de ceux qui adoptent les orphelins sans revendiquer la place des pères et comblent les dettes dont l’histoire crible les destins des familles.