Shim Chong, fille vendue
Le vent de l’histoire, le souffle de l’aventure. Shim Chong, fille vendue est l’occasion pour Hwang Sok-yong, grand écrivain coréen, de réaliser une magnifique fresque, en cinémascope, qui, à travers le prisme de la prostitution, compose une étonnant voyage à la fin du XIXe siècle entre Singapour, Shanghai, les îles Ryu Kyu, Formose ... sur les traces d’une héroïne au destin singulier. Des bouges aux palais, de putain de bas étage à Geisha, l’itinéraire de Chong fait écho aux événements qui bouleversent l’Extrême-Orient : guerre de l’opium, expansionnisme japonais, percée de l’occident ... Hwang est un écrivain total, son style, mesuré dans la tragédie et ample dans les descriptions, est universel. Certains ont comparé son roman, engagé et épique (assez érotique, aussi, à l’occasion), aux oeuvres de Zola ou de Dos Passos. Au-delà des références, ce qui frappe avant tout, c’est la parfaite maîtrise du romancier, sa façon subtile d’évoquer la condition féminine sans pathos et son talent de conteur qui s’épanouit au fil d’un livre qu’on a du mal à lâcher.