Rimbaud (inédit). Celui-là qui créera Dieu
Arthur Rimbaud reste, plus qu'aucun autre, le symbole des interrogations et des espérances liées au pouvoir du verbe. Et relire les textes du poète c'est constater que sa quête, sur le plan existentiel, est d'ordre proprement religieuse : il s'agit bien, pour reprendre le titre d'un de ses textes perdus, d'une « chasse spirituelle ». Élève dans le catholicisme, Rimbaud a écrit des poèmes qu'il a conçus comme un nouvel évangile. Il a ensuite confronté son image à celle du Christ, y compris dans ses « Proses évangéliques », ou dans son ultime poème, « Génie » - un contre-évangile sur un mode païen et mystique. Puis il se tourna vers l'islam, et peut-être, sur le seuil de la mort, retrouva une foi née de l'enfance. Rimbaud est un mystique, qui rejette toute Église : un païen en butte à des démons qu'il dompte, et à la recherche d'un Christ renouvelé, ce qui n'a cessé de le rendre contemporain à toutes les générations. Il indique la voie : il s'agit, au sortir d'Une saison en enfer, de trouver le chemin des Illuminations - un vocabulaire mystique qui indique assez que l'essentiel tient entre le néant et le salut, et que c'est le propre de l'esprit que d'exalter un verbe qui puisse sauver.