Mon nom est légion
Un policier en fin de carrière a reçu pour mission de neutraliser une bande d'adolescents se livrant à " des actes antisociaux à caractère violent " et qui a pour base de repli le Quartier du Premier-Mai, amoncellement hétéroclite d'habitations clandestines au nord-ouest de Lisbonne. Les suspects sont " des métis et des Nègres originaires de ce qu'on appelle les ex-colonies, désignation discutable ", et donc naturellement " enclins à la cruauté et à la violence gratuites ". Dans un rapport destiné à sa hiérarchie, le policier détaille l'opération qu'il a pour tâche de superviser. Mais la précision toute professionnelle de " l'agent de première classe " cède bientôt la place à des divagations amères, à des épanchements endoloris : vexations infligées par ses supérieurs et collègues, ratés familiaux et sentimentaux, vague à l'âme abyssal, autant de motifs qui viennent sous sa plume aussi facilement que le descriptif minutieux des exactions commises par les " suspects ". Le policier n'est cependant que le premier d'une longue série de narrateurs, tous concernés à des titres divers par l'enquête : c'est ainsi qu'on entendra une vieille prostituée usée par toute une vie de malheurs et qu'un des délinquants somme de venir vivre dans le Quartier, le beau-père de l'un des métis qui se remémore son enfance chaotique, un vieillard impotent qui laisse macérer dans une haine increvable le souvenir de sa première épouse, un trafiquant à la petite semaine en cheville avec les suspects, le professeur d'une institution spécialisée dans laquelle l'un des membres du gang a été placé...