1850, Le Burg à la croix

Unique par sa beauté, sa profondeur de sens, son format monumental (1,25 m de large par 0,75 de haut), Le Burg à la croix est le plus célèbre des dessins de Victor Hugo, la « Joconde » du musée de la place des Vosges. Exécuté en 1850, le dessin figura dans la vente aux enchères du mobilier du poète qui eut lieu en juin 1852, après son départ pour Bruxelles à la suite du coup d'Etat du 2 Décembre.
Dans le catalogue de la vente, Théophile Gautier écrivait : « S'il n'était pas poète, Victor Hugo serait un peintre de premier ordre ; il excelle à mêler, dans ses fantaisies sombres et farouches, les effets de clair-obscur de Goya à la terreur architecturale de Piranèse ; il sait, au milieu d'ombres menaçantes, ébaucher d'un rayon de lune ou d'un éclat de foudre les tours d'un burg démantelé, et sur un rayon livide de soleil couchant découper en noir la silhouette d'une ville lointaine avec une série d'aiguilles, de clochers et de beffrois. Bien des décorateurs lui envieraient cette qualité étrange de créer des donjons, des vieilles rues, des châteaux, des églises en ruine ; d'un style insolite, d'une architecture inconnue, pleine d'amour et de mystère, dont l'aspect vous oppresse comme un cauchemar. »
Pierre Georgel analyse la genèse du Burg à la croix au cours de l'année 1850, année de silence littéraire presque total, entre la Révolution de 1848 et l'exil, année où le dessin prend littéralement la relève de l'écrit. Il analyse l'art de Hugo dessinateur, étudie les « mixtures bizarres » qu'il invente (selon ses propres termes) pour « rendre à peu près ce [qu'il a] dans l'oeil et surtout dans l'esprit », décrypte enfin le complexe insoupçonné d'idées et d'affects qui fait de ce dessin une grande création poétique et l'un des chefs-d'oeuvre de son auteur.
L'illustration du livre comporte des vues d'ensemble et de détail du dessin, ainsi que des autres oeuvres graphiques de Hugo datant de la même année 1850. Des lettres de Juliette Drouet et divers documents complètent l'ouvrage.