L'Ombre légère
Telle que la pratique Gilles Archambault, la nouvelle est l’art de faire tenir, en l’espace de quelques pages, l’essentiel d’une existence. Il faut donc trouver, de cette existence, le moment le plus révélateur, celui qui, si banal ou fugitif qu’il paraisse, contient la signification la plus dense, la plus profonde, la plus irrévocable. Et cette signification, l’exprimer — par le récit, le dialogue, l’allusion — de la manière à la fois la plus forte et la plus discrète qui soit.
Les vingt-trois nouvelles contenues dans ce recueil sont ainsi comme autant d’aperçus, tantôt poignants, tantôt ironiques, qui cherchent à saisir, chez les êtres les plus ordinaires (un jeune athlète, un amoureux éconduit, un fils vieillissant, un quadragénaire désabusé, un passager d’autobus) et à travers des situations apparemment anodines (une conversation, une visite, une rencontre au hasard, un chagrin d’amour), l’intensité d’une émotion, d’une pensée, d’une détresse par lesquelles, tout à coup, toute la vie est illuminée, révélée, anéantie peut-être. Car d’une vraie nouvelle, écrite avec économie et justesse comme le sont celles-ci, le personnage ne sort jamais indemne. Non plus que le lecteur.
L’on retrouvera ici la voix, l’univers, les grands thèmes qui composent l’œuvre singulière de Gilles Archambault. Il y est question du temps qui passe inexorablement, du passé qui s’enfuit et ne s’enfuit pas, de la tendresse, des chassés-croisés de l’amour, des désillusions et de l’espoir sans cesse renaissant qui, entremêlés, forment la trame de toute vie.