Baudelaire annonçait l'art d'aujourd'hui
Baudelaire est l'auteur des Fleurs du Mal, il est aussi celui des Curiosités esthétiques. Si j'ajoute cet "aussi", c'est parce que pour la plupart de ses lecteurs, il est avant tout, sinon uniquement un poète, au moins celui des Fleurs du Mal. Or il ne pensait pas ainsi. Et le considérer de cette façon est certainement fâcheux. Tous ceux qui l'ont connu le disent : Baudelaire se voulait d'abord critique d'art. Il le dit de la façon la plus nette. L'art avait pour lui une importance capitale, et dans Mon coeur mis à nu, il écrit : "Glorifier le culte des images, ma grande, mon unique (il souligne), ma primitive passion". Dans cet aveu, il ne faut pas seulement retenir l'adjectif unique mais aussi l'adjectif "primitive", qui nous reporte à la jeunesse de Baudelaire et qui nous fait comprendre pourquoi il a une telle passion pour l'art, pour la peinture plus précisément, et pourquoi il a le désir d'être le Diderot de son siècle.