La maison Artamonov
La vie de la famille des Artamonov a des ressemblances avec la série des Rougon-Macquart de Zola. Avec Gorki, l’élément déterminant n’est plus l’hérédité mais le sens de l’action dans la société. Il n’y a pas d’individus déficients dans les trois générations des Artamonov. La rapacité du fondateur est dirigée contre ses concurrents et contre tous ceux qui sont susceptibles d’étouffer son entreprise. Ses fils qui sont beaucoup plus rapaces que constructeurs s’en prennent à la classe ouvrière qui est par eux considérée comme l’obstacle à leur enrichissement. Mais l’enrichissement matériel et financier s’est accompagné d’un appauvrissement spirituel, d’un resserrement du moi, d’une destruction de la personne. Derrière l’arrogance de la réussite pointe le vide d’êtres qui paradent mais vivent dans la crainte de la chute car ils ne créent plus rien. Seul échappera à cette spirale de la disparition des qualités humaines celui des Artamonov qui rejoint le courant révolutionnaire. Ainsi Gorki inscrit le roman de la famille dans la perspective des transformations sociales, au service de tous.
Ce roman est écrit alors que Gorki a eu tout loisir de méditer sur le développement de la bourgeoisie industrielle qui s’est fortement développée dans les dernières années du tsarisme. Parallèlement il a commencé La vie de Klim Sanguine qui sera le grand roman des intellectuels russes jusqu’en 1917.