Le contrôle des Tsiganes en France (1912-1969)
Le 16 juillet 1912, le Parlement français votait une loi sur « l'exercice des professions ambulantes et la réglementation de la circulation des nomades ». Cette loi constituait un tournant dans la politique discriminatoire adoptée par la République envers les Tsiganes (« nomades »), dont la présence en France remonte au Moyen Âge. Elle imposait à tout nomade âgé de plus de treize ans le port obligatoire d'un carnet anthropométrique d'identité, auquel s'ajoutait le carnet collectif pour la famille. Le carnet anthropométrique des nomades s'inscrivait dans le prolongement des méthodes et des procédés du bertillonnage appliqués aux criminels depuis le début des années 1880. Des populations bohémiennes, jugées uniquement sur leur mode de vie, durent alors se soumettre à une procédure distinctive d'encartement qui les stigmatisait, renforçait leur exclusion de la communauté nationale, favorisait la répression à leur encontre et visait à les contraindre à la sédentarisation. Cet ouvrage expose la genèse du dispositif législatif de contrôle des nomades instauré par la loi de 1912, de son élaboration à son adoption et à sa mise en application, ainsi que les incidences indirectes que la loi eut sur le traitement administratif des Tsiganes pendant les deux guerres mondiales et jusqu'à son abrogation en 1969.