Le pays des goëlands
Après les bombardements de Lorient, la guerre s'achève. Près des côtes de Moëlan, il faut avouer que l'on en a modérément souffert. Les parents de Pierre, surnommé Le Bien-Assis par un instituteur observateur et facétieux, pressentent qu'ils vont enfin eux aussi avoir droit à ce qu'ailleurs les gens de peu possèdent. Et ils ont bien écouté la radio à la fin de l'Occupation, ils ont bien vu le cinéma autour des années cinquante et, enfin, aperçu, comme ils le disent, la télé du Grand Charles ! Voici donc une chronique des Trente Glorieuses à l'échelle d'une simple famille d'ouvriers en Bretagne où l'on veut oublier le tas de fumier devant la ferme, où l'on veut surtout le confort et la salle de bain. Il en va de même des voisins : tout le monde est logé à la même enseigne, tout le monde veut désormais du formica. Et l'on suivra le Bien-Assis enfant, adolescent puis enfin adulte. Il ne perdra pas une occasion d'être original, il ne manquera aucune opportunité d'être différent. D'affaires en affaires, de tentatives en succès, d'actes manqués en échecs, sa vie sera bercée par les remises en cause. Puis comme ceux qui ne veulent pas subir, il partira. Fuite en avant où il laissera à jamais ses racines, quand on est de quelque part, on ne peut pas être de partout.