Noces bourgeoises
1936. Dans une petite ville du Rouergue, les dynasties bourgeoises retiennent leur souffle, plus ou moins touchées par la grande crise de 1929. Henri Labarthe, manufacturier et négociant, n'a pas mordu la poussière ; mais il lui faut assurer l'avenir à tout prix, d'autant que son gendre, Charles, vient de tomber veuf, avec deux enfants, ce qui fragilise cruellement la famille. Pour les affaires, Henri Labarthe ne manque ni d'énergie ni d'idées neuves et il est prêt à se lancer dans la mêlée contre ses concurrents. Côté clan, existe aussi une solution : marier Pauline, la cadette, à Charles. Retirée du pensionnat huppé où elle étudie, séparée d'Emma sa meilleure amie, une persuasion familiale insistante et la gentillesse de son beau-frère l'amèneront à l'autel, consacrant ces noces bourgeoises.
Alors, entre ce mari imposé, pudique et sensible, et cette jeune femme étouffée par les conventions, se noue une relation complexe, entre abstinence charnelle et sentiments à fleur de peau, tandis que la loi morale et les traditions règnent sur les êtres abrités par la grande propriété de la Vernière. Mais, lentement, la vie, puis les imprévus de l'Occupation saperont le beau montage d'Henri Labarthe et débrideront les cœurs et les corps. Dans ce roman d'une grande justesse, remarquablement écrit, Roger Béteille démontre une fois de plus sa capacité à restituer la subtilité des sentiments. Ses personnages, puissants, vrais, emportent le lecteur jusqu'à la dernière page.