Le chien de nuit
Décembre 1918. Amat, un jeune homme tout juste démobilisé, regagne sa ferme natale en compagnie du chien de guerre qu'il a obtenu de garder avec lui. Sans blessure apparente mais les poumons rongés par les gaz, il reprend peu à peu sa place dans une société rurale que la guerre a changée. Alors qu'il retrouve la jeune fille qu'il courtisait jadis, il rencontre deux jeunes institutrices dont les manières paraissent incroyablement excentriques dans cette campagne austère.
Durant les quatre années qu'a duré la guerre, Amat Nivoliès a servi comme brancardier. Et c'est avec Darius, un chien militaire dressé à retrouver les blessés, qu'il revient au pays natal. Roqueserre est une ferme bâtie comme une forteresse sur le plateau ample et libre du causse Noir. Dès la première nuit, Amat réalise que ce retour qu'il a tant rêvé ne sera pas facile. Quel mal couve au fond de lui qui l'arrache à son lit nuit après nuit ? Quelle hantise le pousse sur les chemins, forçant ses chevaux, s'enivrant de froid et d'espace jusqu'à frôler la mort ? Beaucoup sont ceux qui rentrent du front mutilés, incapables de reprendre le travail de la terre, contraints de céder leurs fermes, d'apprendre de nouveaux métiers. Lui dissimule comme un crime le fait d'avoir été gazé, la douleur qui peut, à tout moment, lui retirer ses forces. Alors qu'il retrouve Violette, la jeune fille qu'il avait fréquentée avant la mobilisation, le mal le terrasse soudainement. Sa fiancée rompt avec cruauté, le laissant entre les mains d'un marieur qui lui présente une jeune femme désargentée, aussi lucide qu'émancipée. Mais dédaignant la belle Judith, Amat succombe à l'attrait de Julia, l'institutrice que Darius a sauvée d'une mort certaine lors d'une tempête de neige.