Ma vie voudrait mourir
« Elle a peur de toi, de moi, de nous, de vous, d'elle, de la terre, de la mort, du noir, de grossir, de te voir partir, de l'école, de ses profs, des autres, du silence, de la couleur noire, de la musique classique, des animaux, des papas des autres, des prêtres, des boîtes de nuits, de la pluie, de l'orage, des marées hautes, des araignées, de parler, de la méchanceté, du cancer, de toutes les maladies, de la psychanalyse, des tempêtes, de t'aimer, d'aimer, de l'eau, de dormir, de la drogue, des ouragans, de l'avion, des enterrements, d'écrire, de penser, de partir, des adultes, du travail, de sa mémoire, de sa grand-mère, de l'île, de fixer quelqu'un dans les yeux, du métro, de la neige, des engueulades, du souvenir, de la cigarette, de sortir seule dans la rue, de parler en public, d'écrire ce qu'elle est en train d'écrire, de le faire souffrir, de l'embrasser, de faire l'amour, d'accoucher, d'avoir un bébé, de manger du chocolat après vingt heures, de regarder la météo, de plonger, de mordre, des chiens, d'étouffer dans son sommeil, de se jeter d'un pont, de traverser au rouge, des gens bourrés, de pleurer, de se détruire, de l'alcool, d'avoir mal, d'attraper froid, de perdre patience, de perdre son calme, de vous perdre, de perdre la vie, de la vie tout simplement ».
Pia. 15 ans est anorexique et boulimique. Ne supporte plus son corps. Mange, vomit, perd du poids, grossit, vomit. Pia. 16 ans. Fait la fête et boit. Boit trop. Subit « l'accident » qui va foutre en l'air sa vie. Le loup a montré son plus sombre visage. Dépression. Veut mettre fin au supplice. Pia. 20 ans. Le loup a gagné. Dit adieu.