Les malentendus culturels dans le domaine de la santé
Le malentendu est sans doute au coeur de toute rencontre. On ne connaît d'abord de l'autre, même le plus proche, que la surface qu'il donne à lire de lui-même. L'autre se construit alors à travers les significations et les valeurs projetées sur lui. La méconnaissance de soi et de l'autre est d'ailleurs l'un des grands thèmes littéraires de la modernité. Toute rencontre expose à des interprétations qui manquent parfois leur objet et provoquent la rebuffade ou, à l'inverse, un étonnement agréable venant flatter le narcissisme. L'organisation spécifique de la médecine, avec ses spécialités, ses hiérarchies, sa division des tâches semble aller de soi pour ceux qui travaillent dans le système de soin ou qui ont l'habitude d'endosser le rôle de patient, mais elle peut dérouter ceux qui ne sont pas familiarisés avec cet univers. Le milieu médical a son langage, ses règles, ses procédures, ses codes implicites, ses rites, ses manières d'organiser l'espace et le temps, autant d'usage qui perdent de leur évidence lorsqu'on les découvre de l'extérieur. L'accommodement réciproque peut prendre du temps, or c'est justement ce qui manque le plus dans un contexte où les professionnels doivent faire face à des urgences et à de multiples impératifs. Dans leur souci d'établir des priorités, il arrive que les explications nécessaires deviennent secondaires. Une communication rapide ou partielle est propice aux malentendus. Ceux-ci découlent aussi de l'effort pour s'adapter à l'interlocuteur. L'ouvrage, à travers une série d'abords différents, analyse ces malentendus qui rendent les soins parfois difficiles à mettre en oeuvre. Au fil des pages se dégage une éthique de la conjugaison des différences pour une prise en charge thérapeutique.