Vous serez mes témoins
Soit une jeune femme qui se suicide. Sa meilleure amie, ou qui se dit telle, est traînée en justice par toute une série d’institutions, et d’organisations, de groupements et d’associations qui veillent au respect du vrai deuil, de la véritable affliction, de la peine sincère dont il semble que l’accusée se pare de manière tout à fait illégitime et fondamentalement malhonnête.
Le livre est donc composé d’une série de témoignages, actes d’accusation, expertises, plaidoiries tous plus parodiques les uns que les autres et de ce fait irrésistiblement drôles, mais aussi singulièrement vraisemblables en tout cas plausibles, qui tendent à prouver l’usurpation.
Mais, si l’on y regarde de plus près, et tout dans le texte y incite discrètement, derrière son apparence quasiment comique, derrière le tour de force formel qu’il réalise, ce livre est grave, troublant. Il interroge non seulement le mystère du suicide mais aussi le désarroi des survivants. Il souligne le sentiment qu’ils peuvent entretenir et développer, d’une imposture sentimentale dont le suicide, précisément, serait la preuve puisque l’amitié, cette amitié dont on se prévaut, ne l’a pas empêché.