Clèves

Auteur : Marie Darrieussecq
Editeur : P.O.L

Clèves raconte l’éveil à la vie amoureuse et sexuelle d’une petite fille, en province, il y a une trentaine d’années environ... Les trois parties du livre respectivement intitulées « Les avoir » (les règles), « Le faire » (l’amour), « Le refaire » (l’amour, encore, bien sûr : une seule fois ne suffit jamais, surtout en l’occurrence), donnent bien la temporalité et la dramaturgie de ce huitième roman de Marie Darrieussecq.

« Les avoir »
Nous sommes donc en province, au Sud, pas loin d’un océan où l’on surfe (on aura reconnu le Pays Basque, cher à l’auteur). La petite héroïne, Solange qui n’a pas les yeux dans ses poches, ni l’intelligence en veilleuse, se débat entre une « école obsédée par le sexe » – on n’y pense qu’à ça, on n’y parle que de ça, dans les termes les plus crus – et des parents pour le moins absents (un père volage, hâbleur, rarement là et une mère dépressive : Solange passe la plupart de son temps chez un voisin, un adulte un peu étrange).
Surviennent enfin les règles : il n’en a jamais été écrit comme cela. Loin de tout lyrisme féministe mièvre ou exalté, d’une manière à la fois précise et dérangeante parce que brutale, non métaphorique et surtout assez enfantine pour déranger encore plus.

« Le faire »
Évidemment, le premier épisode passé, cela devient la grande affaire. Il faut choisir le garçon qui procédera, ou se laisser choisir (Solange a-t-elle seulement le choix ?). Stratégie, tactique, séduction. Copines et confidences. Le village devient une vraie Cour, avec ses intrigues, ses renversements d’alliance (d’où le titre).
Dans le cas qui nous occupe, et sans entrer dans les détails, ce ne sera pas vraiment une réussite. Il faut donc sans tarder le refaire.

« Le refaire »
Solange n’a plus dix ans, mais elle n’a pas encore seize ans. Il n’empêche, elle ne pense plus qu’à ça. Comme la précédente, mais davantage encore, cette partie montre les filles en proie aux garçons, la soumission des unes et la brutalité des autres. Alors Solange va trouver à son tour sa victime à elle auprès de qui elle devient une Lolita sans scrupules.

Clèves est un texte extrêmement perturbant, qui met au service d’un réalisme radical une rare inventivité littéraire. Marie Darrieussecq y décrit un monde d’enfants en mutation, loin des adultes qui ne voient rien et qui, quand ils voient, ne comprennent rien. C’est violent, beau, drôle et cruel.

19,25 €
Parution : Août 2011
352 pages
ISBN : 978-2-8180-1397-7
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