L'Homme des bois
Le père de Pierric Bailly est mort l'année dernière, brutalement et beaucoup trop tôt.
Ce livre est, au sens littéraire du terme, un tombeau. Si l'auteur relate les circonstances de cette mort, accidentelle probablement, mais un doute demeure qui ajoute sa profondeur à ce texte, s'il raconte comment il a tenté d'enquêter à partir de ce que lui a dit la gendarmerie, le médecin légiste, etc., et s'il détaille le parcours obligé qu'il doit suivre (faire-part, organisations des obsèques, rangement des affaires du mort, etc.) il s'attache surtout à évoquer, par touches discrètes et affectueuses, distribuée le long du récit, l'homme que fut son père et le père qu'il fut pour lui. Et c'est en cela que ce livre est bouleversant puisque à la pudeur d'un homme à la fois sociable et secret tel qu'il apparaît dans ces pages répond celle d'un fils qui dit son amour à mots couverts et tente un hommage ému, le plus précis et le plus concis à la fois. Mais ce petit livre si riche est aussi une évocation de la vie dans les campagnes françaises à notre époque, ce qui change, ce qui se transforme.
C'est l'histoire d'une émancipation, d'un destin modeste, intègre et singulier. C'est enfin le portrait, en creux, d'une génération, travailleurs sociaux, militants politiques et associatifs en milieu rural.