Un œil en moins
Il n'y a pas de révolte relative, de petite révolte, ni même de révolution défaite ou avortée et, pour reprendre le mot de Rimbaud, il n'y a que des révoltes logiques, exaltées ou effacées ensuite.
Ce livre part du mouvement, le mouvement d'il y a deux ans. Nathalie Quintane a voulu dire ce qui se passait parce qu'elle a tout de suite compris qu'on dirait ensuite qu'il ne s'était rien passé au printemps 2016.
Mais la chronique (ou le récit) s'est poursuivie au-delà : en Norvège, au Brésil, à Berlin - où la colère, et quelquefois la peur, résonnaient, semble-t-il, de la même façon qu'en France, Paris et province. Au-delà, c'est-à-dire aussi à l'automne 2016, avec le démantèlement de la « jungle » de Calais et ses répercutions, et puis les élections présidentielles, et puis Notre-Dame-des-Landes, et puis, et puis...
Ce livre parle du pays, de sa très ancienne myopie, et du paysage flou qu'il s'est mis sous les yeux et qu'il croit être la réalité.
Il raconte comment nous fûmes énucléés.
Il s'agit donc d'une chronique politique - grave, comique, et Nathalie Quintane l'espère, cruelle.
Paul Otchakovsky-Laurens voulait que ce livre, qui ne parle pas de mai 68, paraisse en mai 2018.