Le Bruiteur
Dans un studio, un bruiteur s'apprête à créer un paysage de bord de mer, avec des champs qui surplombent la plage, et une forêt contiguë. Entouré d'une botte de poireau, d'une branche de céleri, et d'une bassine orange, il nous explique comment il procède. La pièce de bruitage, c'est sa cabane. Il s'y sent à l'abri du monde. Il nous raconte l'histoire qu'il doit bruiter. C'est l'histoire de la fugue d'un fils. L'histoire des désirs inaccomplis d'un père. De temps à autre, des souvenirs personnels affluent. Des souvenirs qui tournent autour d'un cousin fugueur qui n'est pas étranger à sa vocation de bruiteur. On éprouve le cocon du studio. Et, bizarrement, du fait de l'extrême acuité du vocabulaire de Christine Montalbetti, de la manière si drôle et si précise dont elle imite ou décrit les bruits qu'invente son personnage, on les entend, ces bruits, comme on entend l'histoire triste de son personnage, peu à peu, à travers eux.