Never(s)
Ce livre raconte une histoire d'amour épistolaire. Pendant six années (1943 - 1950), Etiennette et Georges ne sont quasiment jamais ensemble, séparés par des mers, des continents. Leur correspondance est le seul moyen qu'ils trouvent pour se bâtir un autre lieu de rencontre, pour ne jamais (never) être l'un sans l'autre. Etiennette, la grand-mère de l'auteure, lui a confié avant de mourir une valise de lettres dont elle n'avait jamais (never) parlé à personne. Ces lettres portent sur une période bien précise de sa vie. Les deux très jeunes époux, mariés en 1943 à Casablanca, sont immédiatement séparés par la guerre. Ils vont s'inventer un présent commun en s'écrivant. Georges est mobilisé à la Libération, puis envoyé en Indochine. Ils n'eurent donc jamais (never) « la vie d'un mariage normal ». Etiennette a dû quitter le soleil de Casablanca pour Saint-Benin-des-Bois, près de Nevers, où elle est accueillie en étrangère avec ses deux enfants. Elle se rend parfois à Nevers à bicyclette où l'auteure imagine alors une brève rencontre avec « la fille de Nevers » (Emmanuelle Riva dans Hiroshima mon amour, de Duras). Ce livre raconte un moment de l'Histoire que l'on connaît peu : la fin de la Deuxième guerre mondiale. La guerre se poursuit, se déplace jusqu'aux confins de l'Empire, sur un autre continent dont on ne sait pas grandchose non plus, l'Indochine. C'est l'histoire d'une très jeune mère qui se retrouve à élever seule ses deux jeunes enfants loin de sa ville natale. Le couple séparé comprend aussi qu'un de ses enfants n'est pas comme les autres (infirme). C'est enfin un livre sur la place de l'écriture dans la vie silencieuse d'une femme qui aura écrit pour essayer de faire survivre quelque chose de l'amour en l'absence de l'aimé, et dans un monde instable.