Et tout soudain en rien
Dans les livres de Suzanne Doppelt, et dans son travail photographique, la question du regard a toujours été essentielle. Il s'agit avec ce nouveau texte, en prose poétique, d'y revenir une fois encore, autour d'un axe central, un parc londonien, dédoublé, démultiplié dans l'image, lieu d'apparition, de disparition, de métamorphoses et de perspectives multiples au milieu duquel le regard se perd. On accompagne Thomas, photographe, spectateur et voyeur, qui joue au limier, pour se demander ce qu'est ne pas voir, être aveugle en somme, d'autant plus lorsque l'on fait profession des images.
Pour ce nouveau livre Suzanne Doppelt s'inspire de l'histoire de Blow-up, le film de Michelangelo Antonioni. Au beau milieu d'un parc londonien, un couple s'agite étrangement sous l'oeil d'un photographe venu là par hasard qui les prend alors à la pointe de son viseur. Quand il comprend qu'il a peutêtre assisté à un crime tandis qu'il pensait photographier une simple rencontre, le parc devient un théâtre.
La scène, d'ordinaire banale, s'ouvre et se ferme en même temps, elle devient une scène de genre qu'il va tenter d'élucider dans le bain chimique de son laboratoire. Le photographe a vu ce qu'il ne verra plus ou a cru voir ou n'a peut-être pas vu, un meurtre a sans doute eu lieu, le parc est un piège inouï pour son regard mais rien n'aboutira, l'énigme est irrésolue.